Internet des objets : quelle place pour l’Humain ?
Mieux comprendre notre place dans les nouveaux réseaux d’humains et d’objets, tel est l’enjeu de la chaire « Réseaux sociaux et objets connectés » lancée le 21 janvier dernier. Portée par Télécom École de Management, en partenariat avec le Groupe SEB et Huawei, cette chaire s’attardera notamment sur les processus d’adoption et d’appropriation des nouveaux services et appareils à l’heure de l’internet des objets.
En 2020, entre 20 et 80 milliards d’objets seront connectés.[1],[2] Si le nombre n’est pas des plus précis, il pose néanmoins un ordre de grandeur prospectiviste mettant en valeur la croissance fulgurante des objets connectés. Mais connectés à quoi ? À qui ? Et connectés comment ? Autant de questions qui intéressent les chercheurs depuis l’émergence de cet internet des objets. Pour y répondre, Télécom École de Management a lancé le 21 janvier 2016 la chaire Réseaux sociaux et objets connectés. Celle-ci s’inscrit dans la continuité de la chaire Réseaux sociaux portée par l’école de 2011 à 2014.
Une évolution logique selon Christine Balagué, chercheuse en sciences de gestion et titulaire de la nouvelle chaire, pour qui « l’évolution de la société et des technologies crée de nouveaux réseaux d’humains et d’objets ». L’étude du processus de structuration de ces réseaux sera donc au cœur des travaux de la chaire, avec un regard tout particulier porté sur l’adoption et l’expérience des objets connectés et nouveaux services par l’utilisateur. « Est ce que les objets connectés vont être utilisés par les individus, quelle en sera la valeur ajoutée, sont-ils viables économiquement ? » problématise ainsi Christine Balagué. Car si le terme « internet des objets » évoque directement les technosciences, ce n’est pas cet aspect qui sera abordé ici. « Notre expertise n’est pas sur l’aspect technologique explique-t-elle, mais sur le comportement des individus sur les marchés, en particulier sur les nouveaux réseaux crées par ces humains et ces objets ».
S’approprier l’internet des objets dans des réseaux d’intelligence collective
L’un des axes de recherche abordé par la chaire sera l’étude des mécanismes d’adoption d’appropriation et d’expérience des objets connectés par l’utilisateur. « L’adoption est le premier contact avec le produit, elle a lieu lorsqu’un individu achète un objet et l’essaie » précise Christine Balagué. Ainsi, une doctorante travaille déjà sur une thèse concernant le comportement du consommateur face à ces nouveaux objets. L’appropriation en revanche a lieu lorsque l’utilisation de l’objet devient quotidienne, et que son usage entre dans la vie courante. Pour analyser ces deux phénomènes, les chercheurs s’appuient sur des variables de théories utilisées couramment dans leur champ disciplinaire, en revisitant ces modèles en intégrant en particulier les effets de réseaux. Le TAM par exemple — acronyme anglais désignant le « modèle d’acceptation technologique » — propose des paramètres connus comme la facilité d’usage ou le bénéfice utilisateur, mais de nouvelles variables propres aux objets connectés viennent l’enrichir.
Pour creuser le bénéfice utilisateur, la Chaire a déjà mené une étude s’appuyant sur ses travaux précédents menés en collaboration avec la plateforme de crowd innovation Fanvoice dans le cadre du projet Innovagora — financé par le programme Investissements d’avenir (PIA). 201 étudiants ont été réunis et appelés à réfléchir à de nouveaux services, faisant ainsi émerger 422 idées. Dans la liste, des capteurs permettant la surveillance de la santé de l’individu, des chaussures connectées pour améliorer les performances sportives, des implants médicaux ou encore des lits intelligents. « Mais rien sur les réseaux crées par ces objets, et les services potentiels liés à ces réseaux » remarque Christine Balagué, concluant que si l’utilisateur a une bonne vision du service apporté d’un objet, mais il a une faible connaissance de toutes les fonctionnalités d’un objet et des services liés. Au sein de la Chaire, les recherches sur ces nouveaux réseaux d’humains et d’objets s’inscriront dans le cadre plus large des travaux sur l’intelligence collective.
Une recherche à forte valeur ajoutée pour le Groupe SEB et Huawei
Une chose est certaine en revanche : les utilisateurs sont demandeurs de nouveaux services, et donc de nouveaux appareils. L’humain est donc amené à évoluer dans un environnement comportant plusieurs objets connectés. Mais quel sera alors son comportement ? Une interrogation sur laquelle s’attardera un deuxième axe de recherche de la chaire, et qui intéresse tout particulièrement les partenaires industriels de celle-ci. Pour Franck Lamouroux, directeur du centre de recherche et d’innovation sur les objets connectés haut-débit et « Smart Home » de Huawei, « un objet isolé dans son coin n’est pas l’avenir ». Un constat partagé par Xavier Boidevezi, directeur du développement commercial et numérique au sein du Groupe SEB, tout à fait conscient que les appareils en cuisine demain devront être capables de communiquer avec d’autres objets. Parmi les exemples avancés à titre d’illustration, Xavier Boidevezi et Franck Lamouroux citent de potentielles applications de bien-être, comme un bracelet traceur d’activité pouvant renseigner un appareil de cuisine sur la dose calorique optimale à ingérer en fonction des efforts fournis durant la journée.
Les partenaires industriels voient ainsi dans la chaire une valeur ajoutée par rapport à leurs recherches internes, qui n’intègrent pas forcément des réflexions sur ces nouveaux réseaux d’humains et d’objets, ou sur les diversités culturelles. « Je dirige une petite équipe d’une dizaine de personnes, il est donc clair que nous n’avons pas les ressources pour travailler sur ces dimensions » concède Franck Lamouroux. Aussi le troisième sujet exploré par la chaire concernant les facteurs culturels dans l’adoption des objets connectés est-il une aubaine pour les partenaires. Dans cet axe, l’équipe de Christine Balagué se concentrera sur trois régions : la Chine, les Etats-Unis et l’Europe, afin d’identifier d’éventuelles différences dans les usages.
Cette expertise originale de Télécom École de Management offre aux entreprises partenaires un regard inhabituel sur le domaine émergent de l’Internet des objets. Pour Sarah Meskell, campus manager international du Groupe SEB, « notre position de leader mondial sur un marché très concurrentiel force à être innovant, et donc à être ouvert sur un écosystème extérieur ». Cette chaire, véritable espace d’open innovation, sera donc un lieu de partage sur ce secteur des nouvelles technologies qui monte en puissance. Un domaine dans lequel la France a d’ailleurs une belle carte à jouer, comme l’a montré son récent rayonnement lors du CES 2016 au travers de son label French Tech.
[1] 20 milliards d’objets connectés en 2020 selon l’entreprise Gartner, spécialisée dans la recherche et le conseil sur les technologies de l’information (IT).
[2] 80 milliards d’objets connectés en 2020 selon l’IDATE, think tank spécialisé notamment dans l’économie numérique.
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