Société et réseaux : Et si internet redevenait un réseau distribué ?

Le colloque international Architectures distribuées et réappropriations de l’Internet : droits, techniques, usages, innovation viendra finaliser le projet de recherche ADAM, soutenu par l’ANR, les 2 et 3 octobre prochains à Mines ParisTech. A Télécom ParisTech, Annie Gentès et François Huguet explorent les implications sociotechniques de ces réseaux non centralisés et leur influence sur la manière dont on pense et utilise internet.

Le projet ADAM

Internet est souvent perçu comme un immense réseau virtuel, pourtant, il est tout sauf immatériel. Ordinateurs, antennes, disques durs et câbles forment le corps des réseaux web, et la façon dont nous en concevons l’architecture technique peut en dire long sur notre société. C’est pourquoi le projet ADAM, « Architecture distribuée et applications multimédias », a étudié les implications techniques, mais aussi politiques, sociales, culturelles et légales des architectures de réseau distribuées.

Ces services internet où les données restent conservées sur la machine de l’utilisateur offrent une solution alternative à la gestion centralisée des données, qui pose des problèmes d’atteinte à la vie privée et de surveillance. (En savoir + sur la différence entre réseau centralisé et architecture distribuée)
NetworkTopology-FullyConnected
En pratique, une architecture distribuée est un réseau composé de multiples unités de calcul, capable de réaliser son objectif en partageant ressources et tâches, tolérant la défaillance de nœuds individuels et donc sans point unique d’échec, capable de passer à l’échelle de manière souple.

En savoir + sur le programme de recherche ADAM

Annie Gentès : analyser les réseaux comme des médias

Pour Annie Gentès, chercheur au Codesign Lab de Télécom ParisTech, l’enjeu est de comprendre comment aujourd’hui on découvre de nouvelles formes de communication et de création qui s’appuient sur les technologies de l’information et de la communication (TIC). Dans le cadre d’ADAM, son laboratoire a étudié les architectures distribuées en tant que dispositifs techniques, mais également comme des médias et dispositifs communicationnels.

Les architectures distribuées seraient alors un outil d’empowerment. C’est-à-dire une façon de donner un pouvoir d’agir aux citoyens à travers internet, par exemple en leur rendant le contrôle de leurs propres données, mais aussi en leur permettant de penser différemment leur usage des nouvelles technologies et de mieux comprendre les enjeux de la neutralité du net. D’où l’idée de réappropriations des services internet par les usagers.

Le colloque final du projet ADAM

Le colloque final du programme ADAM est ouvert à des disciplines variées telles que les Science and technology studies, les sciences de l’information et de la communication, l’économie, le droit et l’ingénierie des réseaux. Les chercheurs exposeront les conclusions de cette réflexion sur les relations entre architectures distribuées et société, autour de cette question centrale : Avec la centralisation de plus en plus affichée d’internet et les excès de surveillance qu’elle autorise, quelle place et quel rôle joue la (re-) décentralisation des architectures techniques des réseaux, en un moment historique où les atteintes à la vie privée et les pratiques de surveillance sont très souvent inscrites dans l’architecture technique ? Les architectures de réseau distribuées et décentralisées sont-elles des occasions de réappropriation des services Internet – des outils techniques et de gouvernance susceptibles de renouer avec l’organisation originelle du cyberespace ?

Colloque « Architectures distribuées et réappropriations de l’Internet : droits, techniques, usages, innovation »
Jeudi 2 octobre 2014 à 10h
Mercredi 3 octobre 2014 à 9h30
Mines ParisTech
60 boulevard Saint-Michel
75006 Paris
Informations et inscriptions

Le plus marronA écouter : Un réseau Mesh à Détroit
François Huguet, doctorant à Télécom ParisTech, a étudié l’utilisation du logiciel libre Commotion dans la ville de Détroit (Etats-Unis). Développé par l’Open Technology Initiative (OTI), Commotion permet de mettre en place des architectures distribuées Mesh, ou réseaux maillés, dans lesquels tous les objets qui sont connectés sont des nœuds du réseau et font office de passeurs d’information.
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